« Well, it seems that you’ve perfectly learnt your lesson, boy. »

Sur ces mots, Angleterre ébouriffa d’une main affectueuse les boucles minium, de la même couleur qu’un incendie de feuilles en automne, du jeune garçon qui lui fît face, un sourire ravi sur ses lèvres pâles et son nez mutin constellé de taches de rousseur relevé avec fierté ; après quoi le principal concerné quitta les lieux en courant, l'autre se retrouvant alors seul dans le confortable fauteuil de son bureau, le livre d’Histoire-Géographie que l’enfant lui avait tendu sur les cuisses, ouvert aux pages du cours qu’il lui eût récité sans accroc.
Irlande du Nord, nation toute récente, se devait de recevoir un semblant d’éducation humaine, et cela paraissait au Britannique plus vrai encore concernant cette matière caractérisée par les innombrables dates à retenir ; de telle sorte qu’il eût employé de nombreux précepteurs afin de l’instruire.

Songeur, il feuilleta le bouquin, parcourut d’œillades succinctes les résumés proposés, les points de vue exprimés quant aux divers événements de l’Histoire, un air narquois se devinant sur les traits de son visage d’albâtre.
Tous ces ouvrages qui se voulaient narrateurs d’un passé – qu’ils ne faisaient que survoler, pourtant – n’étaient, somme toute, que des biographies bâclées de lui ainsi que de ses congénères. Ils exposaient d’un ton objectif les faits, quels qu’ils fussent.
Lui comme chacune des personnifications de pays possédait en son exacte, bien que mise à rude épreuve, mémoire des moments, des époques dont il s’enorgueillissait, ces indénombrables victoires sur France, la somptueuse grandeur de l’Empire britannique ; et certains dont il ne souhaitait aucunement entendre parler, il pensait notamment à la Guerre d’Indépendance ou aux quelques défaites qui lui fussent imposées par son rival de toujours…
Quoi qu’il en fût, telle leur immuable existence, les nations conservaient souvent de ces âpres événements une rancune dirigée contre les instigateurs de ceux-ci, aujourd’hui étouffée sous l’approximative neutralité prétendue liant tous les États ; ces mêmes événements mentionnés avec indifférence sur le papier glacé des livres d’Histoire-Géographie.

Cela lui semblait tellement risible, que les pires épisodes de leur vie fussent abordés avec une telle impavidité quand eux ne demandaient qu’à les effacer de façon à ce que personne ne s’en souvînt. Mais, après tout, il est impossible de réécrire l’histoire, n’est-ce pas ?

Bien sûr que oui.

Cependant, à défaut de la réécrire dans ces fameux bouquins de cours, on peut toujours se l’approprier et la narrer de notre voix de nation immortelle, avec les détails qui nous ont frappés et les émotions qui nous ont troublés.