BLUE SKY : un hôtel de luxe sur la côte Floridienne

Messages : 141 Hétas : 1000004927 Date d'inscription : 21/11/2010

Les chambres d'hôtel étant chères, vous êtes logés à deux. Votre voisin de chambre sera le nouvel arrivant dans le RP et ainsi de suite.

Ici, vous serez nourris et logés. Vous pouvez vous faire employer comme garçon/fille d'hôtel, et ainsi rencontrer de nombreuses nations et surtout, vous faire de l'argent de poche !

Fille/Garçon d'hôtel. CDD du 13 juin au 11 juillet. Présence assidue requise (à discuter plus précisément durant l'entretien). Salaire : 800 hétas.*

BLUE SKY : un hôtel de luxe sur la côte Floridienne Sun

BLUE SKY : un hôtel de luxe sur la côte Floridienne Sun

Bonnes vacances sous le soleil de Miami !

Sur la route menant à l'hôtel, accoudé à la fenêtre de son taxi, un Heracles ensommeillé par un vol soporifique, aux paupières lourdes et à la tête dodelinante rêvassait, laissant vagabonder son esprit le long des paysages sablonneux infinis de Miami qui défilaient devant ses yeux. Ces quelques semaines de vacance au bord de la mer, gracieuseté de Shinatty, tombaient vraiment à point: il commençait en avoir ras-le-bol de ses soucis et l'idée de ne pas avoir à y penser le réjouissait. La générosité du chat, déjà de nature étrange, était quelque peu suspicieuse, mais bon. À ce point, il comptait bien en profiter.

Ses songes firent interrompus lorsque la voiture s'arrêta devant l'un de ces luxurieux gratte-ciels, typiques des stations balnéaires, portant une gigantesque enseigne "BLUE SKY". L'hôtel, sûrement. À peine eut-il mit le pied dehors que le soleil cuisant plombait sur son crâne. Heureusement, ce genre de température ne l'incommodait pas vraiment, c'était de plutôt bonne augure, même. Il prit le temps de dire au revoir au chauffeur de taxi (le pauvre bougre qui ne n'avait pas reçu de pourboire pour cette fois) et bonjour au réceptionniste.

« Hum, j'aimerais avoir une chambre, s'il-vous-plait monsieur. Oui, c'est déjà réservé. Merci monsieur. »

Après quelques bavardages, il s'affaira à monter à sa chambre, y déposer ses maigres bagages et à s'affaler dans l'un des lit fraîchement préparé pour s'y endormir comme un rocher. Il valait mieux prendre des forces, il ne comptait pas passer des vacances de tout repos.

« Ouf... ! »

C'est un canadien épuisé qui était arrivé devant les portes de l'hôtel, posant lourdement ses deux valises sur les escaliers. Être une nation transparente avait énormément d'inconvénients. D'abord, on avait failli lui fermer les portes de l'avion sur le nez. Puis quelqu'un avait failli s’asseoir sur lui pour profiter de la vue du hublot. Les hôtesses l'avaient oublié lorsqu'elles avaient distribué le repas (mais là, heureusement que Kumajirou s'était fait remarquer). Et enfin, aucun taxi ne l'avait vu. Matthew était tellement épuisé qu'il n'avait pas la force de râler.

Surtout qu'il fallait l'avouer, Canada n'était pas d'humeur à prendre des vacances. Soit-disant qu'on refuse pas des vacances gratuites. Oui, c'était surtout que son boss ne voulait pas l'avoir dans les pattes avec les émeutes qu'il y avait en ce moment. Alors on l'avait envoyé prendre congé chez son frérot. Bon, d'accord. On ne râle pas quand on vous offre des vacances. Après tout, il faisait beau, il faisait chaud, il était (enfin) arrivé à l'hôtel, et il avait comme compagnon de chambre une personne calme : Grèce. Il avait de la chance. Imaginez un peu s'il s'était retrouvé avec Alfred. Ou Francis ! Cuba aurait été une bonne option (pour les tonnes de glaces !), mais il pouvait se dire qu'il avait de la chance de tomber avec un amoureux des chats. Peut-être même qu'il aimait les ours blancs ?

Canada monta péniblement ses valises (positivons, je vais me faire des muscles pour aller à la plage), Kumajirou sur son dos, jusqu'à la porte de la chambre. Il toqua doucement, sachant que son colocataire estival venait juste d'arriver, mais aucune réponse. Il se servit donc de la carte qu'on lui avait donné à l'accueil (oui oui, on l'avait vu à l'accueil... grâce aux plaintes répétées de Kuma, mais on l'avait vu) et entra pour trouver un grec endormi comme un bébé.

Canada ne pris même pas la peine de se faire silencieux, après tout, il était ainsi de nature. Par contre, Kumajirou avait d'autres manières. Et Kumajirou avait faim, Kumajirou voulait des pancakes et de la glace, et Kumajirou était tout sauf discret. Surtout quand il avait faim. De quoi réveiller un grec.

L’été. Ah, l’été. Une période de l’année qu’Angleterre a toujours adorée, vraiment.

Mensonge.

Il haïssait l’été, pour lui synonyme d’insupportable oisiveté et de douloureux coups de soleil. C’est pourquoi il passait coutumièrement ces quelques mois de la même manière que le reste de son temps, c’est-à-dire terré dans son manoir avec une tasse de thé et un bon livre – Dickens, Wilde, Woolf... il ne savait plus à quel saint se vouer.

Et pourtant, lorsqu’il fut informé des singuliers plans que Shinatty-chan avait pour cet été, il n’hésita pas une seule seconde à prendre le premier avion pour Miami, et cela pour la simple et bonne raison que lui-même prévoyait pour cet été de s’amuser.

Oh oui, il allait s’amuser. Ressusciter un peu du vieux temps tout en l’adaptant à l’époque actuelle.

Cette singulière décision lui venait d’un goût de la fête débridée récemment retrouvé grâce au jubilé de sa reine bien-aimée. Quelle fête ce fut, le jubilé de la reine. De pub en pub, de boîte en boîte, de rue en rue ; une ivresse assidûment entretenue à l’aide de bouteilles de whisky et de rhum trois jours durant...

D’estivales bacchanales s’annonçaient.

Lors de son arrivée à l’hôtel Blue Sky, il ne s’inquiéta à la vérité pas de trouver sa chambre, de découvrir qui serait son compagnon ou de se débarrasser de ses pesantes valises. Avant de penser à tout cela, il résolut de fêter son arrivée à Miami en s’offrant un ou deux verres au bar. Un ou deux verres qui montèrent finalement au nombre de quatre.

Ce fut donc avec quelque difficulté qu’il vint jusqu’à sa chambre, titubant légèrement, et qu’il ouvrit la porte. Pour découvrir avec une allégresse à grand’ peine contenue que de compagnon de chambre il n’y avait.

« Pas de France, pas d’Amérique... Here comes the sun, doo doo doo doo, here comes the sun and I say, it’s alright~ ! »

Souriant et chantonnant avec une bonne humeur qu’on ne lui connaissait guère, Arthur se laissa négligemment tomber dans son lit et posa ses prunelles péridot sur le plafond. Blancheur parfaite à laquelle il adressa un énorme sourire, comme la remerciant de l’absence de compagnon de chambre, avant de s'allumer une cigarette, se souciant bien peu de tacher ou de brûler accidentellement les draps immaculés du lit.

Si ce plafond avait pu parler, il lui aurait sans doute fait remarquer qu’un compagnon de chambre pouvait débarquer à tout instant.

Selon Sartre, l’Enfer, ce serait les autres… L’homme n’avait clairement jamais rencontré Alfred. Il aurait vite déchanté et aurait adapté sa célèbre phrase à « L’Enfer se prénomme Alfred F. Jones » si vous voulez mon avis… Depuis que le jeune américain avait reçu l’invitation d’un certain chat se faisant appeler Shinatty, il n’y avait plus moyen de le contenir. La pile électrique avait été remplacée par une centrale nucléaire si vous voulez tout savoir… Le président en était réduit à se gaver d’aspirines dans l’espoir (vain, faut-il seulement le préciser ?) de calmer ses migraines carabinées. Quand l’Avatar de la nation américaine ne se pavanait pas avec ses lunettes de soleil tout en laissant un cataclysme derrière lui (parce que là où Alfred passe, le mobilier trépasse), il gueulait au personnel de la maison Blanche qu’il partait en vacances. Hell yeah ! You’d like a holiday ? Sorry dude, I’m the only one to go! Reading between the lines, I’d say you’ve been screwed! Working and stuff… Too bad!

Et non, vous ne rêvez pas… Plutôt que de compatir au triste sort de ses citoyens, le jeune homme les enfonçait davantage. Mais le vrai drame de cette histoire, c’est qu’il ne se rendait même pas compte de sa bourde, ni même des regards assassins qu’il écopait suite à cela. Oblivious… Vous l’aurez vite compris, quand il s’agit de vacances, le jeune blondinet a tendance à devenir… énervant. Enfin, plus que dans la moyenne quoi… Il y a de quoi établir un nouveau record mais soit, nous dévions du sujet initial. Où en étions-nous ? Ah oui ! Cela faisait donc une semaine que le président subissait la pile électrique (se faisant secouer tel un prunier par Alfred) et que l’ensemble du personnel grognait de frustration. Du coup, lorsque « le grand jour » arriva, les américains purent entendre une symphonie de soupirs de soulagement (ils ont très certainement dû se demander ce qu’il se passait par ailleurs). Alfred avait beau être aimé, le « peuple » était quand même content de s’en débarrasser.

| IPod, checked. PSP, checked. Cookies, checked. Coca-Cola, checked. Hamburgers, checked. Ambre et lunettes de soleil, checked. Maillot de bain, checked. C’est bon, je suis fin prêt ! Bon, bah, à plus et bosse bien Barak. Ciao |

Peu soucieux du regard moralisateur qu’il venait de recevoir de la part du président, notre jeune nation quitta à la hâte la Maison Blanche en direction de la Floride car… Qui dit vacances, dit F-L-O-R-I-D-E !!! Il était inconcevable que les autres nations ne puissent pas profiter de ses plages de sable fin, de ce soleil merveilleux et bref… Nous allons tout de même vous épargner le panégyrique de ce jeune blond, surtout que ce dernier a duré plus de dix-neuf heures figurez-vous… Bah quoi ? Vous n’espériez tout de même pas qu’il prenne l’avion pour se rendre là-bas ? No way dude ! La voiture, rien de tel ! Les cheveux au vent, la musique R&B à fond dans l’habitacle, Alfred arrivait en fin de journée à destination (après avoir risqué la vie de dix-huit automobilistes, effrayé six pigeons, une mémé et trois adolescents et accessoirement tué un hérisson car il n’avait rien à faire là quoi !). Heureux comme jamais, le jeune américain fit une entrée fracassante dans l'hôtel qui leur était réservé.

| Bonjour monsieur… Pourrais-je avoir votre nom s'il-vous-plaît? |
| | Yup! Alfred Jones, héros de tous les temps!|

Là où d’autres auraient roulé des yeux devant tant de naïveté (ou d’égocentrisme, à voir selon les avis), la jeune standardiste a juste gloussé avec toute la dignité possible en pareille circonstance (c’est-à-dire pas beaucoup). Un simple sourire de l’Avatar et toutes les américaines étaient à ses pieds. Une fois de plus, le drame de cette histoire, c’est que le jeune homme ne s’en rendait pas compte. Ce n’était par contre pas le cas des autres clients que l’équipe de l’hôtel avait tôt fait d’oublier lorsque le jeune blondinet était entré. Une fois de plus, Alfred se faisait fusiller du regard et il n'en avait pas conscience. Ah l'innocence (ou l'imbécilité, au choix), c'est beau... Clefs en main - et un rendez-vous noté au dos d’un prospectus (qu’il oubliera bien évidemment) – plus tard, Alfred arrivait enfin à destination. Musique à fond dans les oreilles, monsieur humait un air de Scorpions tandis qu’il ouvrit la porte de sa chambre. Balançant son sac au sol, Alfred se jeta sur le premier lit venu (encore heureux qu’Angleterre n’y était pas !) avant de soupirer d’aise.
| Let me take you far away. You'd like a holiday. Exchange the cold days for the sun. A good time and fun. Let me take you far away. You'd like a holiday. Longing for the sun be welcome. On the island many miles away from home ~~ |

Tout en chantonnant, Alfred sautillait sur son lit (c’est à se demander comment ce pauvre meuble a survécu à la chose…). Les vacances, il n’y avait rien de tel pour se changer les idées ! Et quand on faisait cela en Floride, c’était encore mieux ! Il allait pouvoir fêter son anniversaire et avec un peu de chance, Angleterre n’aurait pas tilté que ces vacances tombaient pendant cette période de l’année… Il serait là – pour une fois ! – et il devrait célébrer le 4 juillet avec lui ! Bwhahahahaha ! Alfred en jubilait ! Et c’est là, chers amis lecteurs, que vous vous dites qu’il doit exister une quelconque divinité pour haïr le broussailleux anglais car non seulement Alfred va être invivable quand il comprendra que son « partenaire de chambrée » n’est autre que l’anglais mais il va être d’autant plus insupportable car Arthur va ENFIN célébrer son anniversaire ! Allez, accordons dix secondes de paix aux yeux péridots avant la fin du monde. Dix. Neuf. Huit. Sept. Six. Cinq…
| Artiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiie ~~ |

Bon, cinq, c'est déjà mieux que rien, non? De toute manière, cinq secondes ou dix, cela ne change pas grand-chose à notre histoire. Arthur était démasqué, l’ennemi allait l’attaquer (comprenez ici qu’il allait l’enlacer car c’est juste trop bien que t’es là et tu vas pouvoir fêter mon anniversaire, tu verras, c’est sensas’ et je vais t’attacher au lit ainsi tu ne t’enfuiras pas, Bwhahahahaha). Il fallait se douter que le jeune américain allait crier de joie lorsqu’il verrait l’autre occupant des lieux. Il fallait aussi se douter qu’il sauterait dans l’autre lit pour câliner l’anglais. Ce qui n’était pas prévu dans l’histoire, c’est que le dit lit s’affaisse sous le poids combiné des deux blonds (nooooon, Amérique n’est pas gros, il est juste un peu enrobé ! Pas la même chose). A moins que ce ne fut le bond (empli d’un enthousiasme des plus… erm… Vous comprenez quoi…) qui eut raison de l’objet ? Nulle ne le sera jamais… Toujours est-il qu’Amérique venait de tuer le lit d’Angleterre. But don’t worry dude ! Your hero is here and I’m gonna save the day ! If you say so…

Quelques heures étaient passées, et le grec était toujours assoupi sur son lit. Curieux, Canada avait testé les limites de ses super-pouvoirs de dormeur. Il avait d'abord vidé à grand bruit sa valise, donnant "par accident" des coups de genoux dans les tables et de hanches dans les tables. De toute façon, Matthew n'avait pas à se forcer, il avait l'habitude de se cogner aux meubles. A croire que même les meubles ne le voyait pas...

Malgré tout le chahut (dont était capable Mattie, ça veut tout dire), le grec dormait encore à poing fermés. Matthew se pencha sur lui, contemplant, dubitatif, son visage reposé. Un moment de tapage venu de la chambre d'à côté vint l'interrompre dans sa réflexion, suivi d'une voix familière chantonnant quelques paroles incompréhensibles, stoppées par les murs soit disant 100% soundproof qui séparaient les deux chambres. En tous cas, ils étaient assez insonorisés pour que le chant lyrique de l'anglais ne fasse pas sourciller le grec.

Il était temps de passer à la deuxième étape : le plan Kumajirou. Un plan des plus sadiques (selon Mattie, ça veut tout dire...) qui consistait à poser son ours affamé qui hurlait au désespoir qu'il exigait là, tout de suite, maintenant des pancakes juste à côté d'Héraclès. Là, il était obligé de se réveiller.

« Artiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiie ~~ »

Oh no. Oh no no no no no no no no. This is NOT happening.

But it is, lui semblait répliquer d’un ton gouailleur le plafond qu’Angleterre regardait encore, quelques instants auparavant, avec l’infinie gratitude du malade miraculeusement guéri par la mystique volonté d’un quelconque Dieu. Et à peine eut-il le temps de bougonner ‘‘Oh, do belt up, would you ?’’ à cette étendue crayeuse qu’il haïrait sans doute jusqu’à la fin de ses jours – ce qui lui donnait donc largement le temps de la haïr – qu’il vit celui qu’il aimait surnommer The American Nightmare se précipiter vers lui.

C’aurait pu être une risible imitation de slow-motion, l’un ne courant au ralenti que pour mieux s’échouer sur sa victime, l’autre hurlant un ‘‘Nooooooooooooooooooooooooooon !’’ qui paraîtrait se prolonger jusqu’à l’infini si l’autre susmentionné n’avait pas ce sens de l’originalité qui lui tenait tant à cœur – On rejoint l’Union Européenne mais on garde la livre et on ne rentre pas dans l’espace Schengen, you know the drill. Ainsi donc, son seul et unique réflexe – il vieillissait, le pauvre homme, et n’avait plus les automatismes futés et sournois du pirate qui parvient à esquiver un coup et mettre à terre son adversaire à la fois – fut de jeter promptement sa cigarette, soucieux de son lit, de sa propre personne et, pour une raison qu’il ne s’expliquait pas, de son ancienne colonie qui vint juste après l’écraser de tout son poids.

Le sol aussi, c’est combustible, lui faisait remarquer le plafond avec un amusement taquin.

Mais il ne l’entendit pas. Car tout ce qu’il entendit, tout ce qui parvint à ses oreilles, fut le cri déchirant, le cri agonisant, le dernier, l’ultime cri de son lit qui venait de rendre l’âme sous l’inhumaine masse de l’Américain.

Américain qu’il fixait présentement de ses deux grands yeux écarquillés. Deux grands yeux écarquillés qui, une fois remis d’un extrême ébahissement, se plissèrent tandis que le vif smaragdin qui les caractérisait s’assombrissait, patibulaire. Prometteur d’une fureur sans nom.

« Mon... Mon lit, Amérique, for Pete’s sake ! Est-ce que tu te rends compte de ce qui s’est passé ?! Toi et ta tonne de graisse – et encore, je suis gentil –, vous avez détruit mon lit ! Et je fais quoi, moi, maintenant ?! Je dors par terre ?! Dans la baignoire, avec le rideau de douche en couverture ?! Et qui va payer les dégâts ?! Oh non, attends, c’est une question absolument stupide, tu vas payer les dégâts, obviously. »

Puis il se souvint de la cigarette qu’il avait très sottement – mais héroïquement, d’une certaine manière – jetée au hasard au risque de voir la moquette prendre feu.

« Oh blimey ! »

Avec une souplesse que lui-même ne se soupçonnait guère, Arthur serpenta de façon à se dégager de l’étreinte étouffante de son congénère et s’empressa de ramasser une cibiche encore fumante dont il tira quelques dernières bouffées avant de l’éteindre et de jeter le mégot par la fenêtre. Quelque peu apaisé – notion fort relative – il se retourna et jaugea Alfred d’un regard exaspéré dans lequel on lisait aisément un ‘‘Mon Dieu, mais qu’est-ce que je vais faire de toi ?’’ désabusé.

« Well... What are we going to do, lad ?, soupira t-il alors que ses mirettes s’égaraient significativement vers le lit de son interlocuteur. »

Il osait à la vérité espérer qu’il lui proposerait son lit en dédommagement du sien mais, gentleman qu’il demeurait en toutes circonstances, ne se permettait pas de suggérer lui-même l’idée, quand bien même il savait pertinemment que s’attendre à un peu de civisme de la part du jeune homme revenait à croire au Père-Noël.

Estivales bacchanales, my arse.

Bien bien loin dans le pays des songes, Héraclès était passé illico de la chambre d'hôtel à une plage de sable fin, sans même bouger un cil. Quel bonheur, laisser le soleil chatouiller sa peau déjà tannée, allongé dans un transat, un chat lové à ses côtés à roupiller paisiblement.

Il rêvait.

C'était plus plus vrai que nature.

Tout y était. L'odeur saline de la mer, le bruit des vagues et même le ronron nonchalant du chat assoupi. Plutôt apaisant d'ailleurs comme son, un peu fort pour un si petit animal, peut-être.

Mais peu à peu, le ronronnement se transforma en une sorte de grognement guttural assez inquiétant. Définitivement, quelque chose ne tournait pas rond avec ce chat, ça faisait presque peur. Presque. Il fit dégager le chat en bas de la chaise, quand même, on est jamais trop sûr.

Alors là, la bébête à fourrure n'avait pas apprécié, mais alors là, pas du tout. Elle poussa un horrible cri, plus proche de celui d'un ours que celui d'un chat mécontent.

Réveil en sursaut, en un frisson qui lui parcourait l'échine. Il se releva d'un bond, droit comme un piquet.
C'est là que son front entra en collision avec celui de la personne infortunée qui l'observait d'un peu trop près.

« Ouch! »

Canada avait là eu, une fois de plus, une excellente idée. Il avait réveillé le rrec, grâce à Kumajirou. M'enfin, c'était cher payé, il avait la tête dure, ce grec. Faut dire, à force de dormir dans des ruines, on se fait de la corne sur le crane. Et Matthew peut vous le certifier : ça fait très mal. Le blondinet, désormais infirme, sursauta et recula de quelques pas, pressant ses mains contre son front abîmé. Il avait sans aucun doute perdu de nombreux neurones dans cette violente collision. Mais c'était entièrement sa faute.

L'ours blanc, qui s'était tu quelque secondes pour observer les deux nations frotter leur front endolori, se remit à crier à la mort qu'il exigeait des pancakes. Son maître devenu totalement invisible à ses yeux, sa plainte s'adressait désormais à Héraclès.