Batman et Robin dans toute leur splendeur observait le Mal – communément appelé délinquants canadiens – mettre à feu et à sang la ville de Gotham (enfin, de Vancouver mais soit, notre jeune nation avait quelque peu oublié la réalité et se retrouvait désormais plongé à plein nez dans cette fiction qu’il venait de s’inventer)… Robin est petit, il est fragile mais qu’il soit sans crainte, son ami et protecteur le sauvera tout comme il sauvera le monde entier. Le pouvoir de la combinaison en latex vaincra ! Mwhahahahaha. Et soudain surgit face au vent, le vrai héros de tous les temps, j’ai nommé Alfred F. Jones !! Suivi de Matthew Lewis – alias Robin – mais ça, Batman s’en fout un peu… Après tout, nous parlons du héros du monde, de Lui avec « L » majuscule, représentant des Etats-Unis d’Amérique, ce n’est pas rien si vous voulez tout savoir. Oui, vous le remarquerez sans peine, notre jeune blondinet a un ego surdimensionné mais bon quand on est l’une des plus puissantes nations au monde, ce comportement peut se comprendre. Ou pas. A vous de voir… Alfred avait fini par lâcher le pauvre frangin qui s’était retrouvé embarqué – malgré lui – dans toute cette histoire pour s’avancer d’un pas conquérant (à comprendre, d’un pas débile mais chut, nous ne briserons pas les illusions du héros) vers un petit groupe de trouble-fêtes. Sa cape-drapeau virevoltait avec splendeur (même les drapeaux parviennent à se la péter chez les américains, fait assez surprenant que pour être noté) tandis qu’il se rapprochait à pas de géant des quatre délinquants. Le héros vous fait l’honneur de sa présence les petiots, courbez l’échine devant lui et acclamez-le comme il se doit. Mwhahahahahahaha. Oui, les chevilles se portent bien, merci de vous en soucier.

« Hey, les gars, pas la peine de mettre la ville à feu et à sang. Vous avez perdu mais ce n’est pas votre faute… On est les meilleurs, qu’est-ce que vous voulez, on est américain, normal quoi ! Vous vous rattraperez la prochaine fois. Ou pas. Après tout, on reste inégalable. Héhéhéhéhé. Allez, on fait la paix et on va manger un McDo ? »

Non, vous ne rêvez pas. Notre jeune nation insouciante vient d’offrir de nouvelles raisons pour alimenter la haine des canadiens à son égard et le pire dans tout ceci, c’est qu’il n’en a pas conscience. Pour couronner le tout, figurez-vous que monsieur rit à gorge déployé, les mains sur les hanches, dans une parfaite imitation de ce que l’on pourrait communément surnommer le « rire démoniaque ». Alfred n’est pas réputé pour comprendre les sentiments éprouvés par autrui (on se demande même s’il comprend les siens mais soit, cela devient hors-propos), c’est bien connu. Alors ce qui paraîtrait ici être une provocation pure et dure n’est rien de plus qu’une simple boutade pour l’américain. Hélas, vous l’aurez aisément remarqué, son humour particulier laisse à désirer. Mais bon, s’attendre à une réponse calme, posée et réfléchie de la part de ce jeune homme en particulier relèverait de l’utopie irréalisable alors on fera avec ce que le petit gars nous offre. Tout sourire (Alfred aurait-il été engagé par Colgate pour promouvoir leurs produits ?), le jeune blondinet finit par retourner auprès de son frangin dans l’unique but de lui offrir tout son amour fraternel (comprenez que le pauvre représentant du Canada s’est retrouvé avec une omoplate éclatée suite à une « tape amicale » de la part de son vis-à-vis). Totalement inconscient qu’il soit l’objet d’une haine farouche du canadien, Alfred rit, et rit, et rit. C’est que son humour pourri fait honte à tous sauf à lui, voyez-vous. Là où d’autres éprouveraient le besoin irrépressible de se taper la tête contre un mur, Alfred rigolera à gorge déployée. C’est bien connu, les américains ne font rien comme les autres et leur représentant direct n’échappe pas à la règle. Vancouvert est à feu et à sang, des voitures sont carbonisées, des mémés se font agresser et Batman rit tandis que sa cape virevolte au feu de ce mois de juin.

« Dis, Mattie, vous avez bien des McDo quand même dans le coin ? Parce que tu comprends, le héros ne peut pas sauver le monde s’il n’a pas sa dose d’hamburgers et de coca avant ! Ahahahaha ! Je parle bien sûr de moi mais ça, tout le monde le sait, han ! Alors, vous avez des McDo ? Parce que, sérieux, bro’, j’veux pas bouffer du caribou quoi… »

Mais oui, c’est bien connu, les canadiens, ça mange du caribou et ça tue des ours pour se vêtir de leur fourrure en hiver pour ne pas greloter de froid. Mais siiii, vous connaissez vraiment rien vous ! N’empêche, les caribous, ça ne court pas les rues de Vancouvert. Il fait comment son frangin pour manger quand il y a une pénurie de bêtes cornues en été ? Inutile de faire remarquer à notre jeune puce surexcitée que non, les caribous ne sont pas cornus mais possèdent des bois, il vous regardera avec des yeux de la taille d’une soucoupe volante. Comprends pas le petiot, que voulez-vous (on aurait presque envie dire qu’il s’agit d’un simple d’esprit mais bon, ce serait mesquin). Mais revenons-en à notre repas national si vous le voulez bien. Ce serait pour ça que Robin est si mince ? Dammit ! Va falloir l’emmener illico presto dans un McDo pour l’engraisser. Après tout, les ours polaires, ils sont en voie d’extinction alors il faudra bien que Mattie trouve un autre moyen pour se chauffer quand il fera moins huit milles. Erm… Moins quarante mon petit, mais soit, ça reste relativement froid alors on ne te fera aucune remarque sur ta propension à l’exagération. Après tout, ce n’est pas comme si les nations du monde entier avaient eu à jour à faire à un américain modéré et raisonnable. Notre jeune nation décida qu’en parfait héros qu’il était – on vous laissera statuer sur cette observation dans votre coin – il se devait de réchauffer le jeune Robin de sa chaleur héroique. C’est ainsi qu’il détacha sa cape – alias le drapeau tout d’étoiles couvert – pour l’enrouler autour du cou de son frère. Et voilà une écharpe américaine, une ! Inutile de vous préciser qu’il serra si fort que l’on remercie Dieu – ou n’importe qui d’autre – d’avoir offert l’immortalité aux nations car à ce train-là, Matthew aurait déjà trépassé au moins trois fois…

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